The true north, strong and free. C'est la devise canadienne que l'on retrouve sur le site officiel du gouvernement canadien, qui, inexplicablement, est traduite en français de la façon suivante: Une épopée des plus brillants exploits. Serait-ce là une manière de dire que la culture francophone canadienne n'appartient qu'au passé? Enfin, toujours est-il que littéralement, le slogan se traduit en français comme: "Le vrai nord, fort et libre". Or c'est dans l'édition du 21 janvier du journal Le Devoir que j'ai appris que ce dernier attribut, libre, n'est peut-être qu'un slogan, et que la notion de liberté a peut-être été mal saisie par nos dirigeants canadiens. Un document, qui est tiré (et je cite, l'expression est outrageuse) de la norme CAN/CSA Z900.1-03 (Cellule, tissus et organes destinés à la transplatation et la reproduction assistée: exigences générales) et publié par l'Association canadienne de (ils ont de ces termes...) normalisation en mars 2007, stipule clairement que les hommes ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme dans les 5 dernières années (soit les homosexuels) ne sont pas admissibles à la transplantation d'organes.
Sur le site de Santé Canada, on y lit un rapport en date d'aujourd'hui qui ressemble fort à des justifications face à des décisions purement anti-égalitaires. Ainsi, on y apprend en une demi-douzaine de paragraphes que la "norme", entrée en vigueur le 7 décembre dernier, est le fruit d'une vaste enquête de plus de onze ans destinée "à réduire au minimum les risques potentiels pour les receveurs canadiens." On nous assure également que des experts du domaine de la transplantation, des représentants des administrations fédérales, des intervenants intéressés ainsi que des experts du milieu éthique ont été consultés afin d'élaborer ces nouvelles normes. On pousse même l'audace en affirmant: "Personne ne doit être exclu d'emblée au Canada, car ni le Règlement ni les programmes de transplantation n'interdisent à un Canadien de faire un don d'organes en raison de son âge, de sa race, ou de son orientation sexuelle" alors que l'on propose à l'internaute l'accès à l'annexe E, dont le nom est déjà plein de sens: "Critères d'exclusion pour les facteurs de risque associés au VIH, au VHB et au VHC".
Contradiction ou désir d'étouffer l'affaire?
Non seulement cette "norme" est-elle d'une sottise sans pareille à l'égard tous les gens en attente d'un organe, encore est-il que la liste d'attente depuis les dernières années ne fait qu'augmenter! Selon l'Institut canadien d'information sur la santé, 3 914 Canadiens se trouvaient sur les listes d’attente d’un organe (124 par un million de Canadiens) en 2003, un chiffre qui ne fait qu'augmenter selon le Dr. Gill, médecin transplantologue de reins à Vancouver et conseiller auprès de l’ICIS. Pourtant le pire n'est pas dans le fait de priver des centaines de patients en phase terminale, mais d'avoir l'insolence de mettre sur pied des programmes d'aide à l'acceptation de l'homosexualité et de prôner des valeurs d'équité sociale avec de pareilles règles qui, qui plus est, provoqueront la mort! En adoptant ce règlement, le gouvernement, soit le modèle, envoie un message stéréotypé de régression à la communauté gaie.
Pas étonnant ensuite que le taux de suicide chez les homosexuels soit de 6 à 14 fois supérieur à celui des hétérosexuels du même âge...
¹Source: Santé Canada, http://www.hc-sc.gc.ca/ahc-asc/media/nr-cp/2008/2008_11_f.html et http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/brgtherap/reg-init/cell/cto-reg-annexe_f.html
²Source: Institut canadien de l'information sur la santé, http://www.icis.ca/cihiweb/dispPage.jsp?cw_page=media_14apr2004_f
²Source: Institut canadien de l'information sur la santé, http://www.icis.ca/cihiweb/dispPage.jsp?cw_page=media_14apr2004_f
³Source: Fédération des associations gaies et lesbiennes, http://homoedu.free.fr/article.php3?id_article=307
1 commentaire:
Suite à la lecture du titre, je me suis questionné sur la provenance possible de cette nouvelle. S'agissait-il d'un État américain à tendances conservatrices, d'un pays prônant des valeurs différentes de celle de proposées par le Canada? Eh bien non, car cette information choquante a été instauré par ce-dernier. Aux dernières nouvelles, le Canada n'était-il pas un pays de liberté et d'ouverture? Cela ne semble être qu'une facade, car malgré des différences entre lui et les États-Unis, on ne peut nier que ces 2 puissances ont encore plus de choses en commun. D'ailleurs, le mariage guay n'avait-il pas été légalisé en 2005, à l'aide du Bloc québécois? Je me demande ce que le gouvernement du Québec pense de cette loi qui sonne tout sauf juste. En effet, Santé Canada généralise, et le mot est faible, une partie de la population trop souvent négligée.
J'imagine mal le médecin annoncer:
-Ah non, tu es homosexuel, désolé mon grand, tu ne pourras pas sauver la vie de gens qui n'attendent qu'un don de ta personne. Comme tu as couché avec d'autres de ton espèce, le risque de maladies est plus élevé, et même si tu ne présentes aucuns symptones et que tes résultats sont négatifs, la loi demeure. Et tant pis pour les gens qui crèveront, Santé Canada a parlé.
Car évidemment, tous les gays ont le sida et si par chance ils ne l'ont pas, c'est une autre infection qui ravage leur santé.
Le message canadien est clair. Les homosexuels ne rentrent pas dans la ''norme''. Et en les mettant ainsi de côté, on ne fait que creuser le fossé des préjugés que la société veut supposément détruire. Mais qui les entretient malgré tout. Mon sentiment d'appartenance à ce pays, si faible soit-il, continue de se détériorer. Vers quel genre d'avenir peut-on espérer, lorsque nos dirigeants sont issus d'un gouvernement conservateur, avec des idées qui vont tous sauf vers de l'avant? Peut-être est-ce seulement ma notion de liberté qui diffère de la leur, qui sait..
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