
14 février 2008. Jour de l'amour, jour des festivités entourant ce grand mythe qui selon Freud régit tous les moeurs, le sexe.
Jour de la fusillade du Northern Illinois University.
Jour durant lequel 15 personnes ont été blessées physiquement et mentalement.
Jour durant lequel quatre personnes en sont décédées.
Jour durant lequel un homme est mort, un fusil à la main, la détresse dans les yeux.
Le nombre de fusillades à l'intérieur des écoles ou des campus universitaires devient tellement impressionnant que c'est avec horreur que je constate que la plupart des médias en viennent à les banaliser, avec des titres du genre "Une nouvelle fusillade aux États-Unis". Pourquoi Une nouvelle? C'est une de plus, c'est un échec, un recul. Le titre devrait être: Quelle horreur, une fusillade. Que pouvons-nous faire? Ou quelque chose comme...
Enfin, reste que la question est légitime, beaucoup plus que d'apprendre le pourquoi du comment, ou se faire relater la façon dont le tueur, ce méchant-détraqué, a bien planifié son coup pour détruire nos familles. Ah qu'il est facile de voir le côté de la médaille que l'on veut bien voir, ou que notre public veut voir pour s'assurer nos cotes d'écoutes...Ainsi est régit notre démocratie. Un politicien se fera-t-il élir pour ses idées, ou pour ses promesses? Le bulletin de vote est-il voté en fonction des idéaux du voteur, ou en fonction du charisme du politicien? Enfin, je m'égare...
Face à l'augmentation du nombre de fusillades dans les écoles, les auteurs américains James McGee et Caren De Bernardo, ainsi que Verlinden, Hersen et Thomas publient respectivement deux livres à intervalles de dates rapprochées, mais qui comportent essentiellement les mêmes points. Comment reconnaître un fusilleur, et comment réfléchit-il, comment voit-il la vie?
Ces informations nous sont utiles dans la mesure où si l'on comprend mieux l'individu, il est plus facile de le traquer ou de le reconnaître, et à partir de là, de l'aider.
Le fusilleur est un jeune homme de classe moyenne, en bonne santé physique et d'intelligence moyenne. Il habite le plus souvent en région rurale ou dans la banlieue. Il fréquente une école publique et provient assez souvent d'un milieu familial perturbé. Il habite un foyer où on a facilement accès à des armes. Solitaire, il entretient de pauvres relations avec les gens de son âge. Très sensible à la critique, il éprouve de vifs sentiments d'aliénation, de rejet par autrui, et rumine mentalement différents scénarios de vengeance. Il est extrêmement critique et intolérant envers les autres. Il développe un intérêt très marqué pour toutes les représentations de violence qu'il est possible de trouver dans les arts et dans les médias. Il a tendance à se vanter publiquement de ses fantaisies violentes et de sa cruauté. Il prémédite et planifie habituellement son assaut et va même jusqu'à communiquer explicitement son intention de passer à l'acte (par des lettres, des journaux intimes ou des graffitis). Au moment de choisir ses cibles, il est à noter que, dans un mouvement de «triomphe vengeur», il s'en prend souvent d'une façon toute particulière aux femmes ou aux étudiants qui se démarquent par leurs talents scolaires ou sportifs. Plusieurs des auteurs de fusillade luttent contre une profonde dépression, ce qui fait en sorte qu'ils entretiennent des fantaisies suicidaires ou de «suicide par les policiers» (suicide by cop).
L'extrait, qui provient du Quotidien Le Devoir, m'a tout de suite fait penser à Kimveer Gill, cet étudiant qui avait créé un tollé en fusillant le CÉGEP anglophone Dawson. Bien que ce soit un jugement très subjectif, la comparaison de cette analyse avec d'autres cas paraît me confirmer sa validité. Ainsi, en sortant quelques points de ce texte, il est possible de faire une analyse des solutions possiblement adoptables pour tenter d'enrayer le fléau.
1) Il habite un foyer où on a facilement accès à des armes: L'Agence de santé publique du Canada nous le confirme en donnant quelques chiffres... Dans bon nombre d'études portant sur la thèse de l'accessibilité, on a comparé les foyers possédant une arme à feu avec ceux où il n'y en avait pas. Kellerman et ses collègues, par exemple, ont conclu que l'homicide d'un membre de la famille était 2,7 fois plus probable dans un foyer possédant une arme à feu que dans un foyer sans arme. Dans une autre étude, on est parvenu à la conclusion, une fois pris en compte plusieurs facteurs de risque indépendants, que la possession d'une ou de plusieurs armes à feu multipliait le risque de suicide par 4,8 dans ce foyer. Les risques augmentaient, en particulier pour les adolescents, lorsque les armes à feu étaient conservées chargées et déverrouillées. Cela n'est-il pas suffisant pour règlementer davantage l'accès aux armes à feu? Toujours selon cette Agence, les taux d'octroyement d'armes au Canada par rapport au nombre de foyers est de 26%, ce qui est un haut taux par rapport à certains pays comme le Japon (0,6%), mais faible par rapport à d'autres comme la Finlande, qui a un taux de 50%, et aucune règlementation sur l'utilisation ou la possession d'armes.
2) Il a tendance à se vanter publiquement de ses fantaisies violentes et de sa cruauté: La société en général n'a-t-elle pas de questions à se poser en ce qui a trait à la banalisation de certains actes ou faits dans cette masse hétéroclite de nouveaux genres? Comment se fait-il que l'on trouve normal un jeune homme qui promet de tuer, de se venger, ou qui est violent verbalement, ou physiquement? N'a-t-on pas trop tendance à dire Il est EMO ou ça lui passera, c'est l'adolescence?
3) ...qu'ils entretiennent des fantaisies suicidaires ou de «suicide par les policiers»: Selon les spécialistes de Appelle!, un organisme à but non-lucratif destiné à la prévention du suicide par écoute téléphonique, aucune menace de suicide ne doit être prise à la légère, et ce, qu'elle soit occasionnelle ou répétée. Si quelqu'un fantasme à l'idée de se suicider de façon héroïque (le sens du mot héroïque n'est pas nécessairement positif), il y a de l'aide, et c'est à nous de leur trouver.
Enfin, toujours est-il que l'on a tendance à agir de façon irrésonnable lorsqu'on ne comprend pas les motifs qui régissent la vie de certains individus. Plutôt que d'encourager la mise en place de détecteurs de métaux aux portes des écoles (Une idée qui à mon sens, fait plutôt États-Unis...dans le genre d'essayer de
shooter de l'ozone dans la couche d'ozone pour remplir les trous qu'ils ont eux-mêmes faits) et de cette façon, d'enrayer le problème de façon superficiel, de masquer, il serait dans notre grand intérêt d'essayer d'appliquer un concept qui semble perdu à l'ère individualiste:
La compassion...
¹Source (image): Reuteurs, http://www.reuters.com²Source: L'agence de la Santé publique du Canada, http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/cdic-mcc/19-1/d_f.html³Source: Cyberpresse, http://www.cyberpresse.ca/article/20080214/CPFRONTPAGE/80214183/-1/CPFRONTPAGE4Source: Radio-Canada, http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2006/09/13/005-Fusillades-Ecoles-Liste.shtml?ref=rss5Source: Le Devoir, http://www.ledevoir.com/2006/09/20/118532.html